Connaissez-vous le lien qui unit la ville du Puy-en-Velay à celle de Châtillon sur Seine, dans le département de la Côte d’Or ?
Ce samedi 8 juin, la place de la Ville-du-Puy a été inaugurée à Châtillon-sur-Seine. Un moment festif qui a permis de mettre à l’honneur le lien qui unit la commune de Châtillon-sur-Seine à celle du Puy-en-Velay depuis la Seconde guerre mondiale.
La place fut en effet baptisée en 1953 en hommage à la Ville du Puy (aujourd’hui Puy-en-Velay), qui était devenue marraine de Châtillon-sur-Seine en 1942 et lui avait apporté son soutien après les terribles bombardements qui avaient touché la ville bourguignonne lors de la seconde guerre.
Notre conseillère municipale, Emmanuelle Vialaneix, était sur place pour représenter la cité ponote lors de cette inauguration.
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Les liens entre le Puy et Châtillon/Seine*
Châtillon-sur-Seine
Châtillon-sur-Seine est aujourd’hui une petite ville de 5 500 habitants située en Côte-d’Or mondialement connue depuis la découverte en 1953 d'un trésor archéologique d'époque celtique avec le fameux cratère de Vix. Mais, la ville fut aussi le théâtre d'un terrible bombardement le 15 juin 1940 qui détruisit une grande partie de la cité (2/3 de la population qui s'élevait alors à 4 500 habitants se retrouva sans logement). 20 années furent nécessaires à Châtillon pour se reconstruire et surmonter cette épreuve.
Le Puy marraine de Châtillon
Au début de l'année 1942, une circulaire du gouvernement de Vichy proposa aux communes de zone libre de parrainer une commune de la zone occupée sinistrée par la guerre. Le 30 mars 1942, le conseil municipal du Puy examina la demande du préfet et choisi d'adopter la ville de Châtillon-sur-Seine. Début septembre 1942, Eugène Pébellier, le maire du Puy se rendit sur place pendant 3 jours. Reçu à l'Hôtel de Ville par M. Gaston Paris, il parcouru la ville détruite et rencontra les sinistrés. Ceux-ci firent état de leur isolement et de leur extrême dénuement, la reconstruction des habitations n'ayant pas commencé en dépit des promesses gouvernementales. A l'automne 1942, le conseil municipal du Puy vota une première aide financière en faveur de Châtillon : 12 500 francs (3 000 euros aujourd'hui) qui furent consacrés à l'envoi de colis aux 125 prisonniers châtillonnais en Allemagne. Pour les fêtes de Noël, un colis de châtaignes fut également adressé aux enfants des écoles de Châtillon.
Une colonie d'enfants de Châtillon au Puy pendant l'été 1943
Suite à ces premiers contacts, un projet plus important se mit en place en 1943 : faire venir au Puy une colonie d’enfants de Châtillon. Le projet fut adopté en Conseil municipal le 15 mai avec un budget de 70 000 Francs (17 500 euros). La ville du Puy s’engageait à recevoir une centaine d’enfants de familles sinistrées pendant un mois. Elle s’engageait à payer les frais de transports et ceux résultant du séjour. Finalement 83 enfants furent concernés (45 garçons et 38 filles). Ils avaient entre 8 et 11 ans. Après une journée de voyage en train ponctué de diverses péripéties (franchissement de la ligne de démarcation, incident ferroviaire à Lyon), les enfants furent accueillis le 6 août au soir en gare du Puy par M. Pébellier, des membres du conseil municipal et diverses associations charitables. Les enfants furent répartis sur 2 sites : l’Ecole Normale à Vals pour les garçons et l’école Saint-Louis pour les filles. La direction de la colonie fut confiée à Pierre Martin, directeur de l’école du Moulin-Pataud au Puy, qui avait une longue expérience dans cette activité très en vogue à l’époque.
L’organisation du séjour était réglée dans les moindres détails. Chaque journée se déclinait de la façon suivante : le matin était dédié à des jeux, l’après-midi à des promenades et la soirée à des petits spectacles de chants, de danses ou de théâtre. Chaque semaine un mot d’ordre était mis en pratique : la propreté, la discipline, la politesse, la bonté. Les enfants participèrent à la procession du 15 août, assistèrent à un challenge sportif au stade Lafayette une semaine plus tard. Ils se rendirent également en car au Mont Gerbier de Jonc ainsi qu’ à Saint-Etienne. Le 5 septembre, le maire de Châtillon M. Paris arriva au Puy pour visiter la colonie avant la fin du séjour.
Des liens qui perdurent après la guerre
Début 1944, le conseil municipal du Puy vota une nouvelle aide pour les prisonniers de Châtillon, la venue d’une colonie d’enfants pour l’été fut elle aussi programmée mais la Libération du territoire en décida autrement. Toutefois, la ville du Puy continua d’aider financièrement Châtillon en accordant chaque année jusqu’à la fin des années 1950 une subvention au bureau de bienfaisance de la ville. Régulièrement, la municipalité de Châtillon remerciait sa marraine notamment pour les vœux de la nouvelle année ainsi en 1948 : « la municipalité de Châtillon tient à remplir un impérieux devoir de reconnaissance en vous exprimant au seuil de la nouvelle année, ses vœux fervents et ses sentiments de profondes gratitudes. Elle se souvient avec émotion qu’au milieu de ses ruines et dans sa grande détresse, votre cité a été la première à lui offrir le réconfort infiniment précieux de son appui moral et matériel ».
En septembre 1945, des élus ponots furent invités à assister à une cérémonie officielle marquant le retour des prisonniers châtillonnais. En 1948, la société de musique de Châtillon fut reçue au Puy et l’année suivante, une délégation ponote assista à la remise de la Croix de guerre à la ville de Châtillon le 13 septembre 1949. En juillet 1960, une délégation du Puy emmenée par M. Raffier adjoint au maire, participa aux fêtes du jumelage de la commune de Châtillon avec 3 villes européennes. M. Raffier, remit au maire de Châtillon la médaille d’argent frappée pour le centenaire de l’érection de Notre-Dame de France au Puy. Le 31 janvier 1963, alors que la reconstruction de la ville était achevée, une place du nouveau Châtillon fut baptisée du nom de « Place de la Ville du Puy ».
60 années ont passé, les liens entre les 2 cités se sont peu à peu estompés mais la récente rénovation de cette place à Châtillon a ravivé des souvenirs sur une belle histoire d’entraide et d’amitié dans une période historique compliquée.
* pour en savoir plus sur cette histoire, voir Richard Crespy, Les liens entre Châtillon/Seine et le Puy, une histoire oubliée , Cahier de la Haute-Loire, 2018.
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Crédit photos : © Marie Salomon - OT Châtillonnais
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