Ce Jeudi 9 mars à 17h une réception a été donnée dans le hall de la Mairie du Puy en Velay à l'occasion de la gravure sur les plaques commémoratives des noms de Raoul RUDEAU et Alderic RUDEAU, Morts pour la France.
Une demande de la famille, plus précisément de Georges Rudeau qui, suite à un important travail généalogique, a entamé une démarche auprès de la Ville. Le travail minutieux de gravure a été confié à Marc Lhoste, tailleur de pierre et graveur à Blavozy.
La mention "Mort pour la France", un titre honorifique
« La République Française, reconnaissante envers les combattants et victimes de la guerre, qui ont assuré le salut de la Patrie, s’incline devant eux et leurs familles. »
Elle a été instituée pendant la Première Guerre mondiale par la loi du 2 juillet 1915, et modifiée par la loi du 28 février 1922.
La mention "Mort pour la France" est une mention honorifique posthume, ajoutée à l’état civil d’une personne pour récompenser son sacrifice au service de la France. Elle est un témoignage de reconnaissance de la Nation en l’honneur de ceux qui ont donné leur vie pour le Pays. Sa pérennité est garantie par son inscription en marge de l’acte de décès.
La reconnaissance de la Nation se traduit par droit à réparation au bénéfice des militaires, à leurs conjoints, orphelins, ainsi qu’aux victimes civiles d’acte de guerre et de terrorisme.
Inscription sur les Monuments aux morts
L’article 2 de la loi du 28 février 2012 a rendu obligatoire l’inscription des "Morts pour la France" sur les monuments aux morts des communes, de naissance ou du dernier domicile du défunt, dès lors que le décès a été reconnu pour fait de guerre pendant un conflit, ou après.
La demande d’inscription est à adresser au maire de la commune choisie par la famille, à défaut, par les autorités militaires, les élus nationaux, les élus locaux ou le service départemental de l’ONaCVG.
Qui était Raoul Rudeau ?
Raoul Rudeau est né le 18 juillet 1898 à Loudes. En avril 1917, à presque 19 ans, alors qu’il est employé aux Ponts et Chaussées, il est mobilisé et incorporé au 8e Régiment de génie. Après quelques mois de classe, il part sur le front le 1er février 1918, affecté au détachement de radio télégraphiste de la 19e Division d’Infanterie. « Il était en charge de lever les poteaux de transmission pour que les officiers puissent se téléphoner », précise son petit-fils, Georges Rudeau.
Quelques jours avant l’Armistice, pendant une bataille, il est blessé et intoxiqué par des gaz. Il ne fut pas évacué tout de suite et reste en poste. Blessé à la suite de nouveaux combats, il est finalement hospitalisé au Puy-en-Velay le 21 octobre 1919 et est réformé dans la foulée. Après la guerre, il devient aide archiviste aux Archives départementales de la Haute-Loire. Il se marie en 1921 avec Marie Barthelemy, brodeuse de profession.
Il s’inscrit à l’association des mutilés de la Haute-Loire et en devient secrétaire général. Il est aussi secrétaire de l’Office National Agricole. Très fatigué, il décède le 17 mars 1923 à son domicile, 36 rue Chaussade, des suites d’une maladie contractée sur le champ de bataille. Il avait 24 ans.
Des générations mortes pour la France
Dans la famille Rudeau, Raoul n’est pas le seul à avoir obtenu la mention "Mort pour la France".
Son père déjà, Henri, sergent dans la 12e Légion de gendarmerie et détenteur de la Croix de guerre 14-18, fut également reconnu "Mort pour la France". Il avait participé à la bataille de la Marne et était décédé à l’hôpital de Barbezieux, en Charente.
Son oncle, Elie, soldat au 109e Régiment d’Infanterie, perdit la vie dans l’attaque de Chatelraould et fut inhumé dans la Marne.
Son frère Alderic, soldat au 108e Régiment d’infanterie, 21e bataillon des chasseurs, fut inhumé au carré militaire du Puy-en-Velay suite à son décès en 1919.
Enfin, l’un de ses fils, Georges, a lui aussi obtenu cette mention honorifique. Entré dans la Résistance dès 1942, il fut arrêté sur dénonciation au Puy au mois d’avril 1944 avant de mourir en déportation au mois de décembre suivant. Son corps ne fut inhumé qu’en 1955 en présence d’une foule nombreuse et de personnalités, politiques et du monde résistant.
Chevalier de la Légion d’honneur emportant l’attribution de la Croix de guerre avec palme et détenteur de la prestigieuse médaille de la Résistance française, son nom figure en outre sur les plaques commémoratives du hall d’entrée de la mairie du Puy et sur une stèle dans la cour du lycée Blaise-Pascal à Clermont-Ferrand.
Les monuments aux morts du Puy en Velay, un peu d’histoire…
Au jardin Henri Vinay
La ville chef-lieu a édifié dans l’enceinte du jardin Henri Vinay un monument départemental à la mémoire de tous les soldats de la Haute-Loire tombés au champ d’honneur durant la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Il fut inauguré le 13 octobre 1895, en présence de messieurs Poincaré (ministre de l’instruction publique) ; Vissaguet (président du Conseil Général) ; Leblond (préfet de Haute Loire) ; Mathieu (maire du Puy en Velay). Sur cet édicule ont été postérieurement ajoutées d’autres inscriptions à l’intention des soldats morts pour la France durant les différents conflits armés du XXe siècle.
Dans le hall de l’Hôtel de Ville
Dans le hall de l’Hôtel de ville, deux parois sont consacrées à la mémoire des soldats tombés au champ d’honneur, lors de la Première Guerre mondiale.
Sur la face Est de l’entrée les dates : « 1914-1918 » et, au centre la dédicace : « A la gloire de nos morts » encadre l’applique d’un trophée d’armes surmonté d’une guirlande festonnée.
Au-dessous sont gravés les noms des soldats du Puy, morts pour la France.
Sur la face Ouest sont gravées les phrases : « Les armées et leurs chefs, le gouvernement de la République, le citoyen Georges Clémenceau, président du Conseil, ministre de la guerre, le maréchal Foch, généralissime des armées alliées ont bien mérité de la Patrie » (loi du 17 novembre 1918), « Le président Wilson et la nation américaine, les nations alliées et les chefs d’État qui sont à leur tête ont bien mérité de l’Humanité » (loi du 2 décembre 1918), « Hommage du général Fayolle aux enfants du Velay morts pour la France » (7 septembre 1919), « A la gloire du 86e régiment d’infanterie du Puy et à ses héroïques combattants de Lorraine, de Baccarat, 25 août 1914, de Verdun, de la Somme, de Champagne et de la Marne ».
Cet espace de mémoire a été inauguré le 7 septembre 1919 par le général Fayolle, futur maréchal de France, en présence notamment de MM. Gibelin (maire du Puy en Velay) ; Beaugitte (préfet de Haute-Loire) ; Faure (président du Conseil Général) ; de Mgr Boutry (Evêque du Puy).
Par la suite, en 1964, on ajoutera également une stèle commémorative des combats du 86e Régiment d’infanterie à Baccarat, aux abords du carrefour et du pont du même nom, ainsi qu’un monument rendant hommage aux principaux faits d’armes du 286e Régiment d’infanterie (régiment de réserve), en 1972.
Place du Martouret
C’est au printemps de l’année 2000 qu’ont débuté les travaux de la plaque commémorative de la place du Martouret.
Celle-ci, portant la mention « La ville du Puy à ses morts glorieux », surplombe une esplanade en forme de goutte d’eau de 13 mètres de long et de large, avec différents niveaux d’emmarchement. Le tout a été réalisé en pierres de Blavozy, initialement orienté vers l’Hôtel de ville.
En novembre 2021, virage à 180° pour l’ensemble du dispositif. En effet, celui-ci est déplacé de l’autre côté de l’arbre de la Victoire pour laisser place à un jardin d’hiver éphémère. Un choix fait en concertation avec les associations d’anciens combattants. Son déplacement s’est justifié par la volonté des élus de poursuivre l’expérience du jardin éphémère.