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Personnes illustres


Née Suzanne Blanche Marguerite Gros le 19 janvier 1878 à Laon dans l’Aisne, elle a grandi au sein d’une famille bourgeoise. Elle s’est éteinte le 11 novembre 1954 à Paris. Docteure en médecine, elle est spécialisée en chirurgie esthétique et véritable pionnière dans ce domaine. Elle est aussi connue pour avoir créé, en 1924, la section française du club Soroptimist International, mouvement interprofessionnel féminin créé aux États-Unis en 1921, et avoir par la suite fondé d'autres sections un peu partout en Europe et en Asie.

 

Qui est Suzanne Noël ?


Suzanne Gros a vu le jour en 1878 à Laon dans l'Aisne. Elle s’est mariée à 19 ans, avec le dermatologue Henri Pertat, puis a déménagé en 1897 dans le 17e arrondissement de Paris, ville où elle entame en 1905 des études de médecine avec le soutien de son mari. A cette époque, les femmes sont très rares dans ce domaine.

En 1908, elle est nommée externe des hôpitaux de Paris dans le service du professeur Morestin, pionnier de la chirurgie maxillofaciale, puis prolonge cette expérience en entrant en 1909 dans le service de dermatologie du professeur Brocq à l'Hôpital Saint-Louis. Reçue 4e à l’internat en 1912, 4e à l'écrit et 1re à l'oral, elle approfondit ses connaissances dans le domaine de la chirurgie maxillofaciale ; elle est notamment amenée à soigner la comédienne Sarah Bernhardt à la suite d’un lifting pratiqué aux États-Unis ayant abouti à un demi-échec.

Première Guerre mondiale

À l'entrée de la guerre en 1914, sans avoir pu soutenir sa thèse de doctorat, comme tous les internes, Suzanne Pertat est autorisée à exercer la médecine en ville. Elle rejoint alors le professeur Morestin à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris. En 1916, elle se forme aux techniques de la chirurgie réparatrice et correctrice. Et à partir de là, dans des conditions extrêmement précaires, elle participe à l'effort de guerre en opérant les « gueules cassées », les blessés de la face.
Son premier mari, le docteur Henri Pertat (1869-1918) meurt durant la Première Guerre mondiale.

Entre-deux-guerres

En octobre 1919, dans le 6e arrondissement de Paris, elle épouse le docteur André Noël, qu'elle avait connu et aimé pendant ses études. En janvier 1922, la grippe espagnole emporte sa fille unique, Jacqueline. En août 1924, son deuxième mari se suicide en sautant dans la Seine.

La chirurgie esthétique occupe dès lors une place fondamentale dans sa vie : elle soutient sa thèse en 1925 et étend ses activités de chirurgie, jusque-là confinées au visage, aux autres parties du corps (remodelage des seins, des fesses, des cuisses, dégraissage de l'abdomen et des jambes), ce qui l'amène à inventer des techniques (dégraissage par aspiration) et des instruments (craniomètre, gabarits) encore utilisés aujourd'hui.

Impliquée dans la cause des femmes, elle organise en 1923 une manifestation pour appeler les femmes qui travaillent à ne pas payer d'impôts puisque l'État ne leur reconnaît aucun droit. Elle est alors contactée par deux femmes américaines fondatrices d'un club féminin : les Soroptimist. L'idée d'une union féminine professionnelle lui plaît. En 1924, elle fonde le 1er club Soroptimist français à Paris avec 93 membres fondateurs (et en 1930, sa fédération européenne) qui défend les droits des femmes. Elle anime une série de conférences sur le Soroptimist dans le monde entier, ce qui entraîne la création de clubs dans toute l’Europe. Suzanne Noël est devenue plus tard la première Présidente de la Fédération européenne. Elle a fondé successivement les clubs Soroptimist de La Haye, Amsterdam, Vienne, Berlin, Anvers, Genève, les clubs baltes, ceux d'Oslo, Budapest, et même ceux de Pékin et Tokyo.

Parallèlement, elle se consacre à la chirurgie. Elle contribue à développer des techniques de reconstruction qui pourront s'appliquer à des cas de mutilations sévères, puis à la réduction d'anomalies physiques.

Ses consultations ont lieu dans son appartement au 31 rue Marbeuf (8e arrondissement de Paris), à compter de 1919, puis en 1938 de l'avenue Charles-Floquet (7e arrondissement de Paris) ou à la clinique des Bleuets, où elle reçoit des femmes d'affaires, des enseignantes, des artistes mais aussi des petites employées, opérant parfois gratuitement pour les plus pauvres. Elle appelle « légers lissages » les liftings, qu'elle réalise sans hospitalisation ni cicatrices visibles, avec des opérations qui ont lieu à quelques mois d'intervalle. Avec son confrère Raymond Passot, qui réalise entre 1920 et 1930 2 500 liftings sur des femmes d'un haut niveau social, elle fait partie des médecins qui ont permis la légitimation de la chirurgie esthétique en France, jusque-là dépréciée.

En 1928, elle reçoit la Légion d'honneur et la reconnaissance de la nation, pour sa contribution à la notoriété scientifique de la France sur la scène internationale.

Au printemps 1936, elle est opérée de la cataracte et réalise qu'elle ne peut plus exercer au même rythme qu'avant. Elle va alors se consacrer au club Soroptimist, voyageant à travers le monde pour ouvrir de nouvelles antennes.

Seconde Guerre mondiale

Pendant la guerre de 1939-1945, elle modifie les visages de résistants ou de juifs recherchés par la Gestapo. À la Libération, elle intervient pour effacer les séquelles physiques de déportés des camps de concentration nazis.

L'apport technique de Suzanne Noël est particulièrement innovant. Dans les années 1926 à 1936 principalement, elle se rend dans de nombreux pays pour promouvoir ses idées, devenant une ambassadrice de la chirurgie plastique et du féminisme à travers le monde. Lors de ses conférences largement suivies, elle sait partager son savoir et sa volonté d'émancipation des femmes. À ce titre, elle a fait beaucoup d'émules, aussi bien sur des sujets techniques (chirurgie plastique) que féministes.

Elle meurt à son domicile parisien du 36 avenue Charles-Floquet (7e arrondissement) le 11 novembre 1954, à 76 ans. Une plaque commémorative y a été apposée en septembre 2018. Elle est inhumée avec ses proches, Jacqueline (1908-1922) et le docteur André Noël (1885-1924), au cimetière de Montmartre.
 

Quels sont ses travaux ?
 

Chirurgie esthétique

Pionnière avec Raymond Passot de la chirurgie esthétique et réparatrice, Suzanne Noël a marqué l'histoire des sciences comme étant la première femme à exceller dans ce domaine.

Défense du droit des femmes

Le Soroptimist français est un club défendant les droits des femmes, fondé en 1924 à Paris par Suzanne Noël. Elle a consacré une grande partie de sa vie à faire respecter les droits humains, la reconnaissance des droits des femmes et la protection des jeunes filles. Les chartes des nouveaux clubs Soroptimist sont remises au nom de Suzanne Noël et une bourse portant son nom est instituée pour aider une femme médecin à se spécialiser en chirurgie plastique.

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