Né le 25 janvier 1919 à Montauban et marié à Melle Lucie MUNCH en septembre 1940, Albert CHAPELLE est mobilisé à l’âge de 20 ans en tant que soldat de novembre 1939 à août 1940.
Il va travailler ensuite pendant un an et demi pour les services secrets britanniques avant d’intégrer l’administration pénitentiaire.
En août 1943, il intègre la Maison d’Arrêt du Puy en tant que surveillant stagiaire.
Dans la nuit du 2 au 3 octobre 1943, il permet à 80 détenus politiques de s’évader de la prison du Puy. Il devient alors activement recherché, mais Albert CHAPELLE va continuer durant toute la guerre à résister.
Il va notamment contribuer à la diffusion du journal clandestin Le Populaire et effectuer des transferts d’armes et d’argent.
Il va aussi superviser des parachutages vers Toulouse et participer à la libération de la ville de Rodez.
Il est mort à Valence le 15 juin 1996 à 77 ans.
On lui a remis la médaille de la Résistance française et la Croix du Combattant volontaire de la Résistance.
Albert Chapelle, né le 25 janvier 1919, était un jeune homme engagé avant même la Seconde Guerre mondiale. Militant actif des Jeunesses Socialistes, il portait déjà en lui des convictions fortes qui guideront ses choix en temps de guerre. Lorsque l’Occupation allemande impose le Service du travail obligatoire (STO) aux jeunes Français, son père lui conseille de devenir gardien de prison, un poste qui pourrait lui permettre d’éviter l’envoi en Allemagne. Il suit ce conseil stratégique et entame une carrière dans l’administration pénitentiaire.
Le 11 août 1943, Albert Chapelle est affecté à la prison du Puy-en-Velay. À peine arrivé, il commence à tisser des liens avec plusieurs détenus emprisonnés pour leurs activités de résistance. Il sympathise notamment avec Théo Vial-Massat, futur maire communiste de Firminy et député de la Loire, ainsi qu’avec Augustin Ollier, un résistant avec lequel il développera une relation de confiance et de complicité. Très vite, Chapelle décide de s’impliquer activement en aidant les prisonniers à organiser une évasion.
L’opération d’évasion, planifiée dans le plus grand secret, est d’une audace exceptionnelle. Quelques jours avant l’acte, un agent britannique de l’Intelligence Service lui remet une arme. Le ton est donné — l’homme lui souhaite bonne chance, mais sans illusion, lui conseillant même de garder une balle pour lui en cas d’échec. À seulement 24 ans, Chapelle orchestre minutieusement l’évasion de plusieurs résistants. Refusant de faire des distinctions idéologiques, il s’assure que même les résistants Trotskystes soient inclus dans l’opération. Malheureusement, ces derniers seront assassinés quelques semaines plus tard, fin octobre 1943, près d’une ferme du Meygal.
Témoignage du surveillant-stagiaire Monnet au sujet de l'évasion d'oct. 1943 (Archives Ordre de la Libération)
Après le succès de l’évasion, Chapelle doit se cacher pour échapper aux représailles. Il se réfugie dans la vallée de la Cronze, près de Langeac,pendant quelquessemaines. Il rejoint rapidement la Résistance socialiste, poursuivant son engagement avec le même courage. Dans un acte de bravoure personnelle, il retourne même clandestinement au Puy, déguisé en prêtre, pour rendre visite à sa femme et à ses deux jeunes enfants restés à leur domicile de la rue de Taulhac.
À la Libération, Albert Chapelle reprend son poste dans l’administration pénitentiaire. Il poursuit sa carrière de manière exemplaire et termine comme gardien-chef. Ce n’est qu’en 1991 que Raymond Vacheron, historien, le retrouve alors qu’il a 72 ans, pour recueillir son témoignage sur cette évasion mémorable. Touché par son récit, Vacheron le surnomme « le gardien providentiel », rendant hommage à cet homme ordinaire qui avait accompli l’extraordinaire.
Photos de famille
(R. Vacheron, P. Broué - Meurtres au maquis)
Albert Chapelle s’éteint le 15 juin 1996 à l’âge de 77 ans à Valence d’Agen, dans le Tarn-et-Garonne. Il laisse derrière lui le souvenir d’un homme juste, engagé et profondément humain. Il s’est vu attribuer la Médaille de la Résistance Française ainsi que la Croix du combattant Volontaire de la Résistance. Son action courageuse lors de la Seconde Guerre mondiale reste un exemple de loyauté, de sang-froid et d’humanité dans une période de ténèbres. Son nom mérite d’être rappelé, comme celui de tous ceux qui ont pris des risques immenses pour la liberté des autres.
Plaque de la Maison d’Arrêt (Cliché Henri Chanal)